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Pasquale Basile,
les femmes et le mythe,
Frédéric Vitoux |
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A travers le chatoiement, la diversité des apparences, un artiste retruve toujour lés
mêmes formes. Tel est le secret de sa folie ou de sa sincérité, ce qui revient au
même-cette folie qui le plonge dans le crépuscule de ses obsession le plus inavouables
(ou que seule son oeuvre est capable d'avouer) mais le ramène aussi au soleil d'une forme
d'universalité. D'un côté donc une singularité qui est la condition même de son
exis-tence. Ce qui fait qu'après avoir vu le peintures, les bronzes ou les gravures de
Pasquale Basile, on dira désormais sans crainte de se tromper: tiens! voilà un Basile,
comme on dit:
voilà un Matisse, un Rodin, un Renoir, un Chirico ou ce que vous voulez! Mais de l'autre
une accession à ce qui pourrait etre une dimension mytique, c'est-à-dire une ouverture
fabuleuse vers ce qui prend en compte la condition même de l'humanité.
Pasquale Basile vit a Terracina, entre Naples et Rome, deux capitales, j'allais dire deux
universe. Cette particularité n'est pas indifférente.Mais d'abord Basile est sicilien,
il est né à Messine en 1945. Et la Sicile est ce territoire même où se bousculent les
cultures, les civilisations, les mythes. Sourtout les mythes, à commancer par celui de la
Femme, la Mère, la Déesse, la Nourricière, la Fertile, la Sensuelle, la Catin, la
Vierge,l'Affolante, la Séductrice - tous le qualificatifs, tous les attributs sont
permis. Cette Femme donc, Pasquale Basile se penche vers elle, l'interroge, la courtise,
la séduit, la repousse, l'entraine encore dans ses délires les plus vertigineux. Et
mieux, il nous entraine avec lui. La folie n'est-ce pas...
Chevelures aplaties, visages rectangulaires, nez aussi droit qu'un arrêt du destin,
cuisses relevées, peaux nues, bas ou jarretelles, seins dénudés et au nombre de trois (
pourquoi trois seins? pour multiplier les sources du plasir et de la vie, parce que la
trinité est sacrée ou simplement parce que Pasquale Basile l'a décidé ainsi au nom des
droits imprescriptibles de l'artiste a réinventer le monde, a rivaliser avec Dieu?), ces
Femmes surgissent aussi bien, chez lui, de l'Antiquité la plus immémoriale que d'un
lupanar 1900 quand elles ne chevauchent pas des scooters! En bref elles nous font de
l'oeil, nous tutoient, nous ignorent. Sous la patine de leur bronze, on les croirait le
fruit des fouilles archéologiques les plus invraisemblables. Peintes, elles gardent cette
couleur terreuse et mélancolique des fresques d'autrefois. Gravées, elles ont la
violence catégorique des incisions.
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- Mais qu'on ne s'y trompe pas! Elles sont tujours
modernes puisqu'elles sollicitent les attrbuts de l'eternité.
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- Résumons-nous. Peu d'artistes sont autant nos
conteporains que Pasquale Basile. Sicilien, il vit avec une longue mémoire mais un sens
très aigu, très actuel, de l'ironie. cette distance qu'il met entre présent et
passé, entre une lucidité rieuse et désenchantée
qui est notre apanage à la veille du trisième millénaire et la frénésie sensuelle de
ses fantasmes, est sans aucun doute l'un des secrets le plus précieux, les plus
troublants de son oeuvre créatrice.
Frédéric Vitoux
Paris 1997